samedi 13 novembre 2010

Same old shit !

Alors que dans mon dernier article j'évoquais l'anecdotique exposition "Jean -Michel Basquiat" qui recueillait les avis admiratifs des visiteurs que j'ai entendus dans les salles d'expo (visiteurs fort nombreux puisque depuis l'ouverture le 15 octobre dernier , il furent 70 000 ), je ne puis m'empêcher de commenter à mon tour un fait divers qui me fait sourire.




Voilà qu'au détour d'une visite, la restauratrice attachée au musée remarque que l'oeuvre de Basquiat "Cadillac Moon " peinte en 1981, a été raturée de quelques traits de feutres dans un coin, sans qu'aucune caméra, aucune alarme, aucun gardien n'ait pu détecter cette dégradation sur le moment et confondre ainsi le coupable.
Et la presse de poser la question vitale de la sécurité dans les musées, car les vols ne sont pas exceptionnels et les salles d'exposition françaises sont loin d'être correctement protégées.

En outre, "Cadillac Moon" se trouve parmi un ensemble de dessins accrochés contre un escalier, à portée de main du public.

Alerté immédiatement par le Musée d'Art Moderne, Bruno Bischofberger, le propiétaire du tableau répond avec un flegme désarmant en arguant que "de toute façon, Basquiat avait toujours vanté la collaboration entre artistes" !
Etonnant, non, cette insousciance ? L'art de Basquiat serait-il en perpétuelle mutation attendant le graphe d'un visiteur suffisamment gonflé pour approcher le dessin ?


On en resta là quelques heures.


Puis voilà que la Mairie de Paris oppose un démenti à cette dégradation survenue au MAM de la ville.
"De nombreuses critiques ont été formulées de manière absurde contre la Ville et le Musée." s'indigne-t-elle.
Et le communiqué se poursuit ainsi :
"Au terme de l'enquête conduite pour comprendre comment un tel geste avait été possible compte tenu des importantes mesures de sécurité prises pour accueillir cette exposition, il apparaît clairement que l'œuvre a été détériorée avant son arrivée à Paris : la trace est perceptible sur les photographies prises de cette œuvre lors de la dernière exposition où elle a été présentée (Bâle)."
Ouf ! on respire !
Même exposées à la vue de milliers de visiteurs, les oeuvres sont en sécurité au Musée d'Art Moderne, et c'est le sérieux de la surveillance qui permet de déceler les dégradations antérieures.
Personnellement, je ne sais pas si quelques traits de plus ou de moins sur le tableau de Basquiat sont si importants, mais ce n'est qu'un avis d'iconoclaste. Je n'aurais jamais osé tenir ces propos si je n'avais été encouragée par ceux du propriétaire du tableau lui-même... dans le genre : "Pas grave ! un Basquiat, c'est fait pour être taggé !".
Allez défendre l'intégrité d'une oeuvre après cela !

Pour le fun, et parce que vous l'avez bien mérité, voici une petite video
Pourquoi celle-là ?
Parce que, plus que l'oeuvre de Basquiat, c'est une création à partir de celui-ci réalisée par TrYbeKa, parce que j'aime bien la musique (Le groupe : Thee More Swallows, et le titre : 2AM) parce qu'elle m'inspire plus que les gloses autour du "Radiant Child" , j'y trouve un univers plus riche.... Peut-être un peu plus que quelques traits de feutre sur le coin d'un tableau, qui vont le rendre encore plus... commercial !


Allez, vous l'avez bien mérité...



JEAN-MICHEL BASQUIAT
envoyé par trYbeKa. - Découvrez plus de vidéos créatives.

dimanche 7 novembre 2010

Kiss the past hello


Il y a quelques jours, au musée d'Art Moderne, Paris...
Après avoir déambulé parmi les anecdotiques travaux de Basquiat qui, curieusement déplacent des foules émerveillées, j'atterris vite au-dessus dans l'expo du photographe Larry Clark.
"Kiss the past hello " s'amuse avec l'expression anglaise "Kiss the past goodbye" Qui peut se traduire par : "faisons table rase du passé".



photo trouvée sur le site de Paris Match :

Le photographe est interviewé ici devant une partie de l'exposition : punk Picasso.

Un regard sur les kids de Tulsa en Oklaoma : sexe, drogue et violence, toute une jeunesse dérivant dans une société américaine qui s'accroche à des valeurs dépassées, impuissante devant ses propres enfants.

« Lorsque dans les années 60, j'ai commencé à prendre des photos des gens autour de moi, je me fabriquais ma propre mythologie, mon propre univers.
Il s'agissait déjà d'un mélange entre réalité et fiction, entre ce que je voyais devant moi et ce que je voulais formuler à partir de cette réalité. »

Tulsa and Teenage lust : 1971













Larry Clark : 1992





Voici une video "Kids" réalisée par Larry Clark. Elle ne figure pas dans l'exposition. Je ne sais malheureusement pas de quand elle est datée, mais elle est bien ultérieure à "Tulsa". Epoque qui à la fois rappelle "Punk Picasso" en 1991 et Jonathan Velasquez 2003 ... difficile dans ces conditions de dater... Musique de Archive, titre : "Get out"
La violence, la tendresse, les désespoir, l'errance, les errances..... et puis quelque chose d'animal, je trouve .

Kids larry clark clip
envoyé par canabitch. - Films courts et animations.

Oui mais voilà, l'exposition "Kiss the past hello !" au Musée d'Art Moderne est interdite aux moins de 18 ans. Une censure émanant de la Ville de Paris au nom de la protection des mineurs (loi du 5 mars 2007) qui est lourde de conséquences.

Quelles conséquences aura cette autocensure ?
Cette autocensure ou censure préalable est inquiétante. Jusqu'à présent, le musée est une zone sanctuarisée ouverte à tous où chacun peut juger de la détermination de l'artiste et des aspects qu'elle prend dans son oeuvre.
A l'avenir, les programmateurs les commissaires d'expositions, vont, avec ce signal officiel, soit préventivement ne plus exposer des oeuvres « à caractères sexuels » (où cela va t-il commencer ? ), soit distribuer à tout va des cartons d'interdictions.
Du côté des artistes, les protestations commencent à affluer, avec notamment un communiqué
signé de professionnels de l'art contemporain.
« A l'avenir », a dit Christophe Girard (adjoint à la Culture,à la Ville de Paris) sur de multiples médias et lors d'un débat
, « il faut se battre pour modifier la loi de 2007. Puisque la loi est devenue très sévère, soyons radicaux ! »
Propos de Louis Mesplé recueillis sur "Rue 89"


Laissons les derniers mots à Larry Clark interrogé par "Beaux Arts Magazine" (novembre 2010) :
"D'abord je n'y ai pas cru ! Qu'une chose pareille puisse se produire en France me semblait impensable.maintenant je comprends que vous êtes en train de vivre un moment de répression et de régression très dur, comme on a pu le vivre aux Etats-Unis. L'ironie c'est que ma précédente rétrospective à New-York n'était précédée d'aucun avertissement et n'a pas déclenché la moindre polémique. (...) Il y a quelque chose d'infiniment hypocrite et irrationnel dans cette manière d'infantiliser le public. Par ailleurs, comment peut-on à la fois inviter un artiste en connaissance et de cause et à la fois vouloir occulter son travail ? C'est choquant et blessant pour tous ces adolescents, c'est une insulte à leur intelligence, à leur liberté, à leur capacité de juger. En fait, l'exposition devrait plutôt être interdite aux adultes, à tous ces gens qui portent un regard pornographique sur la jeunesse et sa sexualité."