samedi 31 décembre 2011
jeudi 15 décembre 2011
Provoc' ?
Cattelan expose au musée Guggenheim de New-York jusqu'au 22 janvier 2012.
Le fonds de commerce de Maurizio Cattelan : la provocation.
Comme celui de Monet était l'impressionnisme, celui de Picasso, le cubisme.
Sacrilège : On ne compare pas !!! ?
Aujourd'hui tout le monde trouve des chefs- d’œuvre là où le public des siècles passés voyait... des provocations. C'est le sens de l'Histoire qui veut ça.
Cattelan, donc, provocateur.
C'est vrai , mais ce serait un peu court de s'arrêter là, à moins de refuser toute discussion sur ce qui est moral... ou pas,
Vulgaire... ou pas.
Sur ce qui est de l'Art ... ou pas.
Bref, de voir la vie en noir et blanc . Ce serait dommage !
Moi, Maurizio Cattelan me touche parce qu'il remue en moi des choses troublantes,
enfouies ... ou pas
enfuies... ou pas
avouables... ou pas
morales... ou pas
Et cela me questionne, m'étonne, m'émeut, me fait sourire, me dérange.
La donna crocifissa, 2008
Cattelan n'a pas de velléité politique dans son travail.
Non, il propose juste un autre regard, décapant, corrosif, ironique et au final très humain dans toutes ses dimensions-là, sur le monde.
Ci-dessous, un ensemble de 9 sculptures en marbre de carrare : neuf linceuls. Chaque homme qui meurt s'y retrouve.
Vu en novembre à la Pointe de la Douane de Venise. Vraiment troublant !
Châtiment divin envers celui qui a pêché par orgueil ? En voyant le film de Nanni Moretti :"Habemus papam", je n'ai pas pu m'empêcher de penser à cette œuvre.
Ironie mordante de Cattelan
Him, 2001
Cattelan dit qu'il va bientôt s'arrêter de travailler. Pour lui, tout a été dit ?
Exposition rétrospective posthume, 1999
samedi 3 décembre 2011
La mère de Whistler et ses Louboutin
Que fallait-il pour que la très dévote Madame Whistler rencontrât un jour d'automne 2011 une vertigineuse bottine à semelle rouge signée Christian Louboutin ?
Une audacieuse campagne publicitaire signée Peter Lippman.
Une occasion de revisiter nos classiques et d'exercer notre sagacité.
En effet , il s'agit bien d'une référence évidente au tableau " Portrait de la mère de l'artiste" daté de 1871... sauf qu'il ne s'agit pas ici de la mère de l'artiste.
Regardons d'un peu plus près :
Visage fané de la véritable mère de Whistler, et visage mature certes, mais encore énergique du modèle de Lippmann.
La nature du regard a changé : une tranquille assurance pour le portrait moderne contre un air plus contraint sur l'autre.
Mouchoir de dentelle tenu par deux mains croisées émergeant de manchettes plissées : prière et méditation ?
"Qu'ai-je bien pu faire de mon chapelet ?" Va-telle bientôt s'agacer.
Bottine à talon aiguille strassée et couronnée de fourrure présentée sur une main ouverte comme un écrin naturel." Où ai-je bien pu laisser ma chaussure droite ?" va-t-elle bientôt s'interroger.
Transparence amidonnée de la coiffe venant contrarier le tissu lourd du vêtement chez l'aïeule. Coiffe moins aérienne mais robe soyeuse dont les reflets dans les plissés jouent avec la lumière pour vivifier cette photographie publicitaire.
Les motifs du rideau prennent le pas sur le textile sombre de la robe chez Whistler, tandis
que chez Lippmann, celui-ci se fait plus discret pour ne pas tuer le chatoiement du vêtement .
Dans le cadre, on devine des scènes toutes deux pittoresques mais différentes.
Deux compositions rigoureuses.
Une pertinente reconstitution en studio...
Je suis sûre que Whistler fils, dandy très décontracté cultivant une vulgarité pas toujours bien maîtrisée n' aurait pas détesté flirter avec les excentricités louboutines...