samedi 3 décembre 2011

La mère de Whistler et ses Louboutin


Que fallait-il pour que la très dévote Madame Whistler rencontrât un jour d'automne 2011 une vertigineuse bottine à semelle rouge signée Christian Louboutin ?

Une audacieuse campagne publicitaire signée Peter Lippman.

Une occasion de revisiter nos classiques et d'exercer notre sagacité.

En effet , il s'agit bien d'une référence évidente au tableau " Portrait de la mère de l'artiste" daté de 1871... sauf qu'il ne s'agit pas ici de la mère de l'artiste.



Regardons d'un peu plus près :

Visage fané de la véritable mère de Whistler, et visage mature certes, mais encore énergique du modèle de Lippmann.
La nature du regard a changé : une tranquille assurance pour le portrait moderne contre un air plus contraint sur l'autre.
Mouchoir de dentelle tenu par deux mains croisées émergeant de manchettes plissées : prière et méditation ?

"Qu'ai-je bien pu faire de mon chapelet ?" Va-telle bientôt s'agacer.


Bottine à talon aiguille strassée et couronnée de fourrure présentée sur une main ouverte comme un écrin naturel." Où ai-je bien pu laisser ma chaussure droite ?" va-t-elle bientôt s'interroger.

Transparence amidonnée de la coiffe venant contrarier le tissu lourd du vêtement chez l'aïeule. Coiffe moins aérienne mais robe soyeuse dont les reflets dans les plissés jouent avec la lumière pour vivifier cette photographie publicitaire.
Les motifs du rideau prennent le pas sur le textile sombre de la robe chez Whistler, tandis
que chez Lippmann, celui-ci se fait plus discret pour ne pas tuer le chatoiement du vêtement .

Dans le cadre, on devine des scènes toutes deux pittoresques mais différentes.
Deux compositions rigoureuses.
Une pertinente reconstitution en studio...

Je suis sûre que Whistler fils, dandy très décontracté cultivant une vulgarité pas toujours bien maîtrisée n' aurait pas détesté flirter avec les excentricités louboutines...

1 commentaire:

Pinupmania a dit…

C'est une campagne qui m'interpelle. Même si certains diront que c'est facile.
Merci pour le Whistler. J'avoue m'être attardé sur le "Portrait d'une négresse" de Marie-Guillemeine Benoist et la photo de Lippman. Mais aussi sur le Georges de la Tour "Madeleine et la bougie" ? Troublant.
Ce n'est pa la première fois que Lippman nous étonne. Déjà l'an denier. Mais c'est une autre histoire.
Bien à vous
Olivier