Avec une photo d'Alain Delon datant de 1966, la Maison Dior enrichit encore une fois la galerie de portraits de ses égéries masculines pour le retour, à l'approche de l'été je suppose, de ce parfum masculin devenu un grand classique. Frais, boisé hespéridé... au moment de sa création, il entrait en rupture avec les Eaux de Cologne habituelles, moins délicates plus brutes et souvent trempées d'agrumes.
Alain Delon photographié par Jean-Marie Périer incarne ici une virilité subtile, féline, j'allais dire "vénéneuse" et une jeunesse qui traverse le temps, comme cette eau qui, précisément, fut lancée cette année-là.
Un mythe en appelle un autre. L'expression de Delon, sa posture renvoient aux photos de James Dean à l'époque glorieuse de l'Actor's Studio, même si la retouche d'image est passée par là et a gommé une cigarette malvenue aujourd'hui.
Dans l'épreuve retenue, le choix du noir et blanc apporte une touche sobre "so class", un clin d'oeil voulu au style "Studio Harcourt". Le grain est lissé, moins vulgaire que celui de la photo couleur, faisant passer ce cliché de la catégorie "reportage people" à celle de photo d'art . Les hommes qui ont aujourd'hui l'âge d'Alain Delon au moment de la prise de ce portrait (trente ans ! oh ! comme mon fils ! ) vont-ils s'identifier à l'icône ? L' image est saturée de références en tout cas, ce qui devrait bien fonctionner dans ce créneau publicitaire.
Un retour aux valeurs sûres ?
Cette démarche mériterait la comparaison avec la campagne publicitaire pour Vuitton. Je suis tentée de le faire dans un prochain post.
Delon succède à la série des pulls noir à cols roulés relevés respectivement par : Corto Maltese, Zinedine Zidane, et notre Johnny national. Les campagnes publicitaires pour l'Eau Sauvage se sont toujours appuyées sur de mâles figures mythiques ?
Que font ces hommes ? Col relevé pour se dissimuler ? Col, on le devine, imprégné de leur eau de toilette préférée entre toutes. Besoin de sentir cette odeur pour se rassurer avant de séduire ? Envie de réactiver le bonheur de porter cette eau en la retrouvant imprimée dans la laine d'un pull en cashmere ? Geste ambigu, certainement féminin qui invite à partager cette senteur.
1966
L'homme est craquant, surpris dans l'intimité de sa salle de bain. Mûles, peignoir en éponge et mollets à la virile pilosité. Anatole importe l'Eau Sauvage dans un univers très domestique et intime.
1971
My God ! Anatole a troqué son peignoir de bain contre une peau de bête. L'effet Eau Sauvage , sans doute... Et puis, toujours dans l'intimité de sa salle de bain, il nous révèle un peu plus de ses viriles jambes. So sexy ?
1975
Cette fois, je suis dans une position très scabreuse ! Serais-je une voyeuse ? Anatole est complètement nu, il se rase et a laissé entrouverte la porte de la salle de bain... Une invitation ?
1979
Et oui, l'Eau sauvage est une fragance précieuse et ambigüe qui se partage dans l'intimité d'un homme et d'une femme lovés l'un contre l'autre... Une histoire de parfums intimes entremêlés... Mmmmh !
1981
Anatole montre enfin son visage. Il est nu, il est beau et appétissant...Quelles fesses !
Décidément, parmi tous ces hommes "Dior", j'ai un petit faible pour Anatole, parce que sa salle de bain n'est jamais très loin de celle d'une femme, donc de la mienne.
Avec Anatole le message publicitaire passe par les femmes !