samedi 25 juillet 2009
"Caro Diario" sans Valentina
Un pasticcere trotskista !
Ce qui est bien avec Nanni Moretti, c'est que je comprendrais presque l'italien. Quelle exubérance ! L'art de délirer avec intelligence tout en posant les bonnes questions. L'art du dérisoire aussi.
Vous avez remarqué la scène à l'arrêt au feu rouge et son discours infligé au minet en Mercedes rouge sur sa méfiance de la majorité (bien pensante !) et son penchant pour les minorités ? Et puis, sa dégaine, son casque, sa vespa dans les "vraies" rues de Rome pour les "vrais" Romains, moi, ça me parle... C'est un peu comme quand on se perd dans cette ville aux multiples identités.
Loin, très loin des miasmes de Berlusconi !
vendredi 24 juillet 2009
Garçonne !
C'est une balade de vacances sur la toile, qui m'a offerte cette jolie rencontre :
Une jolie petite personne venue directement des Années Folles sur mon écran. Aplomb de la nouvelle femme émancipée, libérée du corset et du pesant chignon. Regard clair, droit vers l'objectif, elle tient fermement un sac à main. Dedans, j'imagine tous les objets que les femmes actives peuvent y glisser. Petit chapeau rond que n'aurait pas renié Gabrielle Chanel. Et puis les cheveux sont coupés courts. La mèche sombre vient mordre la joue. Graphique, comme le manteau qu'elle tient entrouvert, comme les rayures aussi. Petit déséquilibre, la demoiselle est légèrement inclinée. Un mouvement suspendu.
Et, bien sûr,
Quelque chose de Valentina.
Les rayures, bien sûr. Une coupe de cheveux géométrique accentuée par la couleur.
C'est net. Les garçonnes ont du caractère.
Valentina est née en 1965 de la plume de Guido Crépax pour le magazine "Linus". Les codes de la bande dessinée sont en train d'exploser tant sur le fond que sur la forme.
Valentina est une jeune femme libérée qui assume tous ses fantasmes. Une très moderne garçonne.
Ici, Louise Brooks. 1929, Loulou. (Die Büchse der Pandora) de Georg Wilhelm Pabst
La silhouette de Valentina est évidemment un hommage à celle-ci. La nuque dégagée autorise d'audacieux décolletés plongeant dans le dos, ainsi que la mode de longs sautoirs de perles rejetés vers l'arrière pour danser le shimmy ou bien le charleston.
Crépax et Louise Brooks échangeaient des lettres. Voici ce qu'elle lui écrivait le 16 novembre 1976 :
Cher Guido,
Vous avez apporté la paix à mes dernières années.Pendant 69 ans j'ai été frénétiquement à la recherche de moi-même. Et voilà que vous me dites que je suis un "mythe".Quelle grâce. Désormais, je me désagrègerai confortablement au lit avec mes livres,cigarettes, café, pain et confitures d'abricots.
Amitiés.
Louise Brooks
Et voici ce qu'en fit Crépax ...
Valentina, Crépax, Louise Brooks, décidément la belle inconnue découverte sur le net m'avait entraînée en terrain de connaissance, et bien plus !
Le code vestimentaire de Valentina est emprunté à la mode des années 1925.
Guido s'amuse avec sa muse
Incorrigible Valentina ! Elle aurait pu rencontrer Nanni Moretti dans le film "Caro Diario"
Encore une rencontre possible ! (Petit clin d'oeil complice à Pinupmania, au passage. )
samedi 18 juillet 2009
Une leçon de voyage
On fait appel ici à des valeurs sûres , portées par des personnages quasiment mythiques. Hommes politiques, sportifs internationaux,musicien, actrice, réalisateurs, acteur, astronautes... mais pas n'importe qui. La Légende est à portée d'objectif. Le mythe passe par Vuitton, parce que Vuitton se réclame d'un mythe.
Décryptage :
Cet homme, à l'arrière d'une limousine spacieuse, (un taxi ?) a posé près de lui un petit sac monogrammé laissé négligemment ouvert. Quelques journaux et magazines dépassent. L'actualité est donc présente. Le monde à portée de main. "Le découvrir ou le changer" souligne le texte. Le véhicule a emprunté une rue déserte. Banlieue ? Frontière ? La voiture longe un mur sans fin. Vous l'aviez reconnu ? Il s'agit de Mikhaïl Gorbatchev. Quant au Mur...
Une locomotive lance un jet de vapeur sur le quai. On devine la marquise d'une grande gare urbaine. Référence à la gare Saint Lazare peinte par Monet ? Au pied d'un projecteur de cinéma, Catherine Deneuve, fidèle à son personnage : belle, énigmatique s'est assise sur deux valises. Le Temps n'a décidément pas de prise sur cette femme.Très jolies jambes croisées, escarpins, élégance du trench noir ceinturé au col relevé. Très cinématographique, tout ça ! Mise en abyme : nous sommes donc dans un film. Femme en transit, entre deux vies ? Attente d'un homme....
Chambre d'un hôtel cossu. Keith Richards a jeté sur les deux lampes des foulards sombres gothiques, afin de tamiser la lumière. C'est voulu. Cela permet un inquiétant clair-obscur. L'un deux est imprimé de têtes de mort et au pied de la lampe, un crâne posé vient appuyer cette référence aux vanités chères à la peinture du XVIIème siècle. Il faudrait presque, faisant abstraction du guitariste des Rolling Stones, envisager cette scène comme une nature morte. "Still life", en anglais. le décor est planté avec minutie. Rien n'est laissé au hasard : porte entrouverte vers une source lumineuse, livres empilés, le fauteuil qui accueille un service à thé posé sur un plateau. "Old England "en diable, et pourtant ! Keith se sert de son étui à guitare (Fender ? Gibson ?) griffé Vuitton, comme d'une table. Tasse de thé pour quelques gorgées entre deux rifs, un livre tenu ouvert par une loupe. Presbyte, le Keith ? La violence, et la révolte du "bad boy" déclinée dans un décor luxueux se sont patinées mais n'ont surtout pas déclaré forfait. Au contraire ! C'est la seule présence, -et quelle présence ! - de la pop star qui les porte : peau ravagée, maquillée, vêtements, bijoux en nombre. Saturation des codes du rocker qui a (sur)vécu. Mais d'où vient la lumière qui éclaire son visage et sa main droite ? La distribution ombre/clarté révèle une profondeur de champ très élaborée. Un chef-d'oeuvre d'équilibre. Bravo !
Chambre d'hôtel cossue encore. Même chaise qui signe un certain standing. Mais ici la scène baigne dans une douce lumière. Les deux sacs "cabine" entrouverts laissent apparaître ... des vêtements que l'on imagine jetés à la hâte. Deux amoureux (Steffi Graf et André Agassi ) pris en flagrant délit de tendre fugue. Ils s'enlacent et s'abandonnent, le bonheur est là. Sur la table près d'eux la vie les sollicite : portable, clefs de voiture, journal, appareil photo, agenda ouvert. Mais le reste du monde peut bien attendre. Ils s'aiment. C'est une parenthèse.
Plage de sable blanc, dunes, végétation de bord de mer. Sean Connery s'est négligemment assis sur un ponton de bois appuyé contre un poteau. Elégance décontractée du vieux baroudeur très chic. Ne fut-il pas l'incarnation du célèbre agent 007 ? Bond, James Bond ! Ursula Andress vêtue de son mythique bikini blanc est sur le point de sortir de l'eau, armée de sa dague sur la hanche. Mais ici, l'aventurier a déposé son sac, son regard se perd au loin. Docteur No est en tous points derrière lui. La légende semble opérer encore, mais le temps a passé.
mercredi 15 juillet 2009
Sous les jupes des filles
J'aime la confrontation des deux "robes" !
Lui ne risque rien. Forme étroite, tissu bien lourd, le vent fripon ne s' y frotte même pas ! Par contre il craint pour son stetson, le cow boy de la foi !
Elle, découverte et lumineuse, assumant ses formes féminines dans un robe virevoltante et froufroutante. Un régal pour le coquin zéphyr ! Et quelles jambes !
Je profite de ce sujet pour glisser ensuite une vidéo empruntée à Pandora, une voisine de blog qui m'est chère également.
Voir sous les jupes des filles une aventure pas si légère que ça nous révéle Alain Souchon.
Comment fait ce type pour avoir une telle lucidité, et la faire passer à travers l'innocence d'une chanson toute simple ?
dimanche 12 juillet 2009
Almodovar, Purcell et Pina Bausch
Quelques images de celle qui fut un phare de la danse contemporaine. Celle qui me la fit découvrir, en tout cas
Café Muller : petite, elle aimait se cacher sous les tables du café que ses parents tenaient pour y regarder, sans être vue, les "choses de la vie" des adultes
Café Muller, version 2 : Intense, cruel et désespéré
Un couple qui se défait, glisse, et s'enlace à nouveau avec l'énergie du désespoir. Une insoutenable condition dans le quotidien des gestes ici chorégraphiés...
Café Muller :
Une version pour le film de Pedro Almodovar : "Parle avec elle" sur une musique d'Henry Purcell : Let me weep, tiré de "The Fairy Queen"
Pina Bausch - Parle avec elle
envoyé par sansesprit.
Le Sacre du Printemps musique de Stravinsky chorégraphie de Pina Bausch par la Tanztheater Wuppertal, à Londres, en 2008
Bandonéon. Encore une salle de café.
Le temps s'étire sur une air de tango. Créée en 1980, cette pièce fut reprise au Théâtre de la Ville à Paris en 2007.
lundi 6 juillet 2009
Bleu... comme Gainsbourg
Encore une chanson de Serge Gainsbourg pour alimenter ma galerie bleue.
Bleu comme Gainsbourg.
Mais oui... C'est une évidence.
Oh ! ce visage ravagé et l'émotion qui en émane. Et puis cette chanson murmurée, à peine chantée, accompagnée du son un peu aigre d'un piano de bastringue... Sans commentaire !
mercredi 1 juillet 2009
Bleu comme...
Bleu comme ...
une orange
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Oeil de sourd
Faites mon portrait.
Il se modifiera pour remplir tous les vides.
Faites mon portrait sans bruit, seul le silence,
A moins que - s'il - sauf - excepté -
Je ne vous entends pas.
Il s'agit, il ne s'agit plus.
Je voudrais ressembler -
Fâcheuse coïncidence, entre autres grandes affaires.
Sans fatigue, têtes nouées
Aux mains de mon activité.
Paul ELUARD, L'Amour la poésie (1929)
Bleu comme les hommes
Bleu comme les traces d'Yves Klein